Les derniers convois
Entre mars 1942 et août 1944, 75 721 juifs sont déportés de France. La grande majorité d’entre eux est dirigée vers Auschwitz-Birkenau. Ce centre de mise à mort devient l’épicentre de la destruction des juifs d’Europe en 1944. Le dernier transport de déportés arrive à Auschwitz le 25 août 1944. Le 2 novembre, Himmler fait arrêter les exterminations de masse (sans prévenir Hitler).
A leur arrivée au camp, les déportés qui échappent aux chambres à gaz sont rasés et tatoués, perdant ainsi leur identité et leur humanité. Ginette Kolinka, déportée avec son père et son frère en avril 1944, témoigne : « Mais quelle grandeur dans ces hideux vêtements de bagnards, ces ridicules pyjamas rayés flottant sur ces corps décharnés, et dans ces faces émaciées de squelettes, quel regard ! Qui pourrait oublier les yeux de ces hommes ? Des yeux encore pleins d’horreurs vécues. »
La majeure partie des convois est formée à Drancy et quitte la France au départ des gares du Bourget d’abord, puis de Bobigny. Par ailleurs, d’autres villes ont pu être le point de départ de certains convois au gré des circonstances : Loos, Lyon ou encore Rennes.

Drancy
De janvier à mars 1944, 5 convois emmènent 6370 déportés vers Auschwitz, dont Hélène Berr dans le convoi du 27 mars. 260 survivants ont été identifiés.
Au printemps 1944, alors même que les opérations militaires s’intensifient, on dénombre à nouveau 4 convois de Drancy à Auschwitz :
- 13 avril : convoi 71 (1502 déportés)
- 29 avril : convoi 72 (1004 déportés)
- 20 mai : convoi 74 (1200 déportés)
- 30 mai : convoi 75 (1004 déportés)
On trouve dans le convoi 71, Simone Jacob (16 ans à l’époque), sa mère, sa sœur, Marceline Loridan-Ivens (15 ans à l’époque) ou encore Ginette Kolinka (19 ans à l’époque).
Le convoi 73 du 15 mai quitte Drancy mais se dirige vers l’Estonie. Parmi les 878 déportés, André et Jean Jacob, père et frère de Simone.
Sur 5588 déportés, 406 ont survécu.
Après le débarquement en Normandie du 6 juin 1944, les convois de déportés ne sont pas interrompus. Les convois 76 et 77 quittent Drancy le 30 juin (1156 déportés) et le 31 juillet (1321 déportés).
Autres lieux de départ
LYON
Le 11 août 1944, un convoi quitte Lyon.
Dans la zone sud, Lyon occupe une place centrale dans la mise en place de la répression allemande à partir de novembre 1942. On y trouve notamment Klaus Barbie à la tête de la Gestapo.
La Résistance est active dans la région pendant toute l’occupation, et elle s’intensifie encore à l’été 1944, à la suite du débarquement en Normandie. En guise de représailles, des centaines de prisonniers sont exécutés à la prison militaire de Montluc.
Dans ce contexte de tensions, 650 détenus sont sortis de prison pour être transférés vers les camps de transit en région parisienne. Mais au vu de l’intensité des combats et des bombardements, ce convoi ne peut atteindre sa destination. Les Allemands décident alors de déporter directement les hommes vers le camp de Natzweiler-Struthof, les femmes vers Ravensbrück et les Juifs vers Birkenau. Dernier départ depuis Lyon, ce convoi dans lequel se trouve notamment Joseph Bialot, est un des symboles de l’obstination nazie.
ROYALLIEU
Le convoi no 79 du 17 août 1944 est le dernier convoi de déportation à quitter le camp de Royallieu (Compiègne) pour celui de Buchenwald.
Un wagon transportant 51 prisonniers politiques juifs – soustraits par Aloïs Brunner au camp de Drancy – sera adjoint au convoi, ce qui lui vaut d'être surnommé " le convoi des 51 otages ".
Initialement prévu le 11 août 1944, le départ est reporté à la suite de divers sabotages par des réseaux de résistants. Dans l'après-midi du 17 août 1944, pour éviter de nouveaux sabotages, les prisonniers sont discrètement transportés à bord de camions (camouflés avec du feuillage) jusqu'aux environs de Rethondes. Là, en pleine forêt, ils sont entassés dans des wagons à bestiaux.
Le train quitte la forêt de Compiègne le 18 août 1944 au matin. Jusqu'à la frontière, le train est régulièrement arrêté ou ralenti à cause des bombardements ou des destructions de voies. Dans la nuit du 18 au 19 août 1944, à Morcourt près de Saint-Quentin (Aisne), une quinzaine de prisonniers parviennent à s'évader. Malgré les diverses tentatives pour retarder le convoi, ce dernier arrive à Buchenwald le 22 août 1944
Les évacuations forcées

yadvashem
A partir du printemps 1944, alors que les menaces d’opérations militaires alliées se font de plus en plus précises, les Allemands commencent le transfert des déportés vers des zones moins exposées. A ce moment-là, les dirigeants nazis espèrent encore pouvoir gagner la guerre, et ils ont besoin de la main d’œuvre que représentent ces prisonniers. Il faut noter par ailleurs que les principaux centres de mise à mort polonais ont déjà été démantelés, et que les nazis ont tout fait pour effacer les traces de massacre.
Le 17 juin 1944, le Reichsführer-SS Heinrich Himmler ordonne l’évacuation des prisonniers vers l’intérieur du Reich.
Parallèlement, les offensives de l’Armée Rouge permettent aux Soviétiques de reprendre le contrôle à l’est.
Dans les états baltes, au mois de juillet 1944, les survivants des ghettos sont évacués par le train vers les camps de Stutthof et Dachau avant l'arrivée des soldats russes...