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Les évacuations  forcées

Le 24 juillet 1944, l’Armée Rouge libère le camp polonais de Majdanek, les nazis n’ont pas eu le temps de faire disparaître toutes les traces et les soviétiques y découvrent des fours crématoires, des fosses communes, des corps entassés les uns sur les autres. Ils filment immédiatement leur découverte macabre.

 

A la fin de l’année, alors que les Alliés se rapprochent encore des frontières du Reich, les évacuations continuent. Le 12 janvier, l’Armée rouge entre en Pologne. Sous les bombardements, les civils et les militaires fuient les soldats soviétiques.

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US Holocaust Memorial Museum

​Du 17 au 21 janvier 1945, les SS évacuent 56 000 survivants d’Auschwitz Birkenau dans un état chaotique.

Dans un climat glacial, sous-nutris et épuisés, ces détenus sont évacués, vers une destination inconnue.

La majorité se déplace à pied, dans de longues colonnes encadrées par les SS. Bien qu’on ne sache pas le chiffre précis, des milliers d’entre eux meurent sur les routes, de faim, de froid, d’épuisement ou abattus par les soldats.

Une partie des prisonniers effectue le trajet dans des train à bestiaux : ils sont environ 100 à 150 par wagon, debout, entassés les uns sur les autres. 15 000 détenus d'Auschwitz sont ainsi envoyés àGroß-Rosen ; après un trajet de 12 jours, ils arrivent dans un camp saturé. Et au début du mois de février 1945, Groß-Rosen est évacué à son tour, 40 000 captifs sont déplacés vers Bergen-Belsen ou Buchenwald.

 

Le 27 janvier, les soviétiques arrivent à Auschwitz. Ils ne trouvent plus que quelques milliers de survivants dans un état d’épuisement extrême. Parmi eux, Primo Levi.

 

Les principaux camps allemands qui réceptionnent les prisonniers sont Buchenwald, Flossenbürg, Dachau, Ravensbrück, Mauthausen et Bergen-Belsen. Ils sont rapidement surpeuplés, et l’état de faiblesse généralisé des prisonniers aggrave encore la situation : le taux de mortalité explose.

Dans les premiers temps des évacuations, les déportés évacués continuent à travailler dans d’autres camps ou d’autres usines, afin de poursuivre l’effort de guerre. Mais à partir de 1945, cet effort est vain. L’historien Ian Kershaw considère que les « marches de la mort » [sont] « complètement absurdes, si ce n’est pour infliger de nouvelles souffrances terribles à ceux que le régime désignait toujours comme ses « ennemis de l’intérieur ».

Dans les premiers mois de 1945, le sort à réserver aux prisonniers encore vivants dans les camps de concentration est de plus en plus reporté sur les gardiens eux-mêmes.

TÉMOIGNAGES

Henri Borlant par LisonMerci d'avoir survécu
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Simone Veil par LouisUne vie
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Henri Borlant

Juillet 1942. A la veille de la rafle du Vel' d'hiv', Henri Borlant et sa famille vivent depuis trois ans dans une bourgade près d'Angers. Emigrés russes d'origine juive, les parents sont avant tout des Français, naturalisés par décret peu avant la naissance d'Henri. Le père est tailleur. Ils ont neuf enfants. A la rentrée scolaire, ces derniers sont inscrits d'office à l'école libre où ils reçoivent l'enseignement catholique. A la demande de l'abbé qui leur fait la classe, ils sont baptisés. A 13 ans, Henri devient catholique pratiquant. Le 15 juillet 1942, des soldats allemands l'arrêtent, lui, son père, son frère de 17 ans et sa sœur de 21 ans. Ils sont déportés directement d'Angers au camp d'Auschwitz Birkenau. Henri ne les reverra jamais.

Il survit 28 mois à la faim, au froid, aux coups, aux humiliations, à la tuberculose, aux massacres quotidiens et aux fréquentes sélections pour la chambre à gaz. Fin octobre 1944, le camp est évacué vers l'Allemagne à l'approche de l'armée soviétique. D'Ohrdruf, qui dépend de Buchenwald, Henri réussit à s'évader à la veille de l'arrivée des Américains. 15 jours plus tard, il est à Paris où il retrouve sa mère et cinq de ses frères et sœurs. A 18 ans, il surmonte tous les obstacles et démarre ses études secondaires. Deux ans et demi plus tard il obtient son bac et entre à la faculté de médecine. Installé comme généraliste à Paris depuis 1958, il rechute de la tuberculose en 1974. Un long traitement induira un état dépressif. Il entreprend une psychanalyse. En 1992 on lui demande pour la première fois de témoigner. Depuis il n'a plus cessé de le faire publiquement, aussi bien en France qu'à l'étranger.

Simone Veil

Simone Jacob est née en 1927 à Nice dans une famille juive. Elle vit une enfance heureuse. Mais à partir de 1940 et des lois anti-juives, son père perd son travail, et la situation familiale se complique. A partir de novembre 1943, Simone circule avec de faux-papiers. Le 30 mars 1944, le lendemain des examens du baccalauréat, elle est arrêtée lors d’un contrôle de rue, et conduite à l’hôtel Excelsior, lieu de rassemblement des juifs avant leur déportation. Sa famille est arrêtée peu après. Ils se retrouvent à Drancy. Simone, sa mère et Madeleine sont envoyés à Auschwitz-Birkenau par le convoi du 13 avril 1944, son père et son frère vers la Lituanie.

Là-bas, on lui tatoue sur le bras un numéro d’immatriculation, 78651. Dans le camp, son travail consiste à décharger des camions d’énormes pierres, de creuser des tranchées et d’aplanir le sol. Une ancienne prostituée devenu Kapo aide Simone, en la mutant, elle et sa famille dans une annexe de Auschwitz : Bobrek. Face à l’avancée de l’Armée Rouge, les nazis déplacent les prisonniers vers Gleiwitz, dans une marche de la mort de 70 km. Ils partent ensuite en train vers le camp de Dora, puis vers Bergen-Belsen où ils arrivent le 30 janvier. En mars, sa mère meurt du typhus. Bergen-Belsen est libéré par les troupes britanniques le 15 avril, Simone, et ses deux sœurs sont les seules survivantes de la famille Jacob.

En mai 1945, Simone est de retour à Paris, elle apprend qu’elle est reçue au Baccalauréat. Elle n’a pas parlé de sa déportation avant 1976.

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