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Editions Gallimard

Une femme à Berlin est le témoignage autobiographique d’une jeune allemande, Marta Hilers. L’occupation soviétique se révèle rapidement être un cauchemar pour les femmes, reléguées au rang d’objet sexuel par les soldats russes.

L’autrice livre un regard amer sur ce moment. Si elle et les autres femmes appréhendaient l’avancée des troupes soviétiques et les conséquences sur les populations, la violence de leur crime se situe bien au-delà de toutes les inquiétudes.

Elle relate rarement les viols eux-mêmes mais elle analyse plutôt les comportements liés à ceux-ci, et notamment la solidarité des femmes.

En effet entre 10 et 90 % des femmes se trouvant à Berlin à la fin de la guerre ont été violées. Nombre d’entre elles ont été victimes de viols collectifs et / ou répétés, puis déportées vers l’URSS. Il reste difficile de trouver des chiffres concrets, car de nombreuses victimes ont refusé d’en parler (déni, honte…).

Pour certains, ces viols sont secondaires par rapport au nombre de morts ; même si ces femmes sont humiliées, elles sont toujours en vie.

Extrait :

Les habitants sont réfugiés dans la cave de leur immeuble depuis l'arrivée de l'armée soviétique fin avril 1945.

" La boulangère interroge d'une voix rauque : « Ils sont partis ? ». Je fais signe que oui mais par mesure de prudence je sors vérifier dehors dans le couloir sombre. C’est là qu'ils m'attrapent. Ils m’y guettaient tous les deux. Je crie, je hurle […] Derrière moi j'entends claquer la lourde porte de la cave. Un des deux types agrippe mes poignets et me traîne à travers le couloir. Maintenant c'est au tour de l'autre de me tirailler, en plus il colle sa main à ma gorge tant et si bien que je ne parviens plus à crier, que je m’abstiens de crier de peur d'être étranglée. Tous les deux s’emparent de moi, me jettent à terre. […] Ce qui nous gagne en permanence, c'est le sentiment d'être entièrement délaissées et livrées en pâture. Dès que nous sommes seules, le moindre bruit, le moindre pas nous terrorise […] Dans la queue de la pompe, une femme a raconté ce que lui avait crié un voisin au moment où des Ivan(1) s'attaquaient à elle : « Mais enfin, suivez-les, vous nous mettez tous en danger ici ! »."

 

Une femme à Berlin, Journal, 22 avril-22 juin 1945, Gallimard, 2006

(1) Nom donné aux soldats soviétiques

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